INAUGURATION DU MUSÉE DREYFUS
26 OCTOBRE 2021
Merci infiniment pour votre accueil. Je remercie Madame le Maire, merci de votre accueil dans la Commune. Je veux remercier l’ensemble des parlementaires ici présents et qui nous ont accueillis, avec les ministres, la ministre de la Culture qui était à nos côtés jusqu’à il y a un instant. Je veux saluer la présence du Premier ministre Manuel Valls, toujours de ces combats pour la vérité et la justice. Je veux remercier Madame la Présidente du Conseil régional, Monsieur le Président du Conseil départemental, l’ensemble des élus ici présents, le grand rabbin, le Président du Consistoire centre israélite, félicitations aussi pour cette récente élection, et le Président du CRIF, et Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités.
D’abord, merci beaucoup pour la formidable visite que nous venons d’effectuer. Cher Louis Gautier, vous l’avez rappelé, mais nous étions ravis d’être là et donc merci beaucoup, Madame Martine Le Blond-Zola, de nous avoir pas simplement ouvert les portes, mais transmis votre formidable enthousiasme. Je dois dire que Zola a beaucoup de chance d’avoir dans sa famille une présence aussi enthousiaste et porteuse à la fois, pas simplement de ses valeurs, mais de son intimité profonde. Et nous étions très heureux, Monsieur Charles Dreyfus, d’être à vos côtés dans ce musée, vous qui êtes le dernier encore à avoir des souvenirs vivants.
Alors, vous l’avez dit et je commencerai par là. Cher Louis, Monsieur le Président, je veux commencer par les remerciements pour celles et ceux qui ont rendu tout cela possible. Et je vais commencer par vous, parce que vous vous êtes beaucoup battu. Et donc merci pour le combat qui est le vôtre comme Président de l’association Maison Zola-Musée Dreyfus. Je veux remercier évidemment aussi toute la famille et tous celles et ceux qui vous accompagnent, le Directeur et l’ensemble des parties prenantes qui nous ont accompagnés, remercier les ministères, la Culture, les Armées, la DILCRAH pour le financement de ce projet, la Région Île-de-France qui a joué un rôle important, le Département des Yvelines et puis, vous l’avez évoqué, la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, Madame Lily Safra et la Fondation pour la mémoire de la Shoah.
En ce lieu, nous retrouvons plusieurs histoires et ces histoires, je trouve, après le parcours, je dirais, presque sensible, intime que nous venons de faire, montre combien elles sont inséparables.
D’abord, c’est à travers le parcours d‘intimité de la vie d’un de nos génies littéraires qu’est Zola, un parcours au sein de la littérature française, de notre culture, de ce qu’est notre nation qui n’existerait pas sans celle-ci, d’une littérature qui a irrigué la fin du 19ème siècle, le début du 20ème siècle, qui a été au cœur d’un grand mouvement littéraire, à la confluence aussi de plusieurs mouvements picturaux, mais nous savons bien le rôle que Zola a joué dans la naissance, la maturité des impressionnistes, dans aussi une littérature réaliste, dans son compagnonnage avec beaucoup d’autres auteurs, mais par sa littérature propre, il est au cœur de ce que la vie de notre nation a porté.
La France ne serait pas la France sans sa langue, sans ses auteurs, sans sa littérature. Et parcourir ainsi cette maison qui jalonne, si je puis dire, par sa construction même, les succès littéraires successifs de Zola, c’est se replonger dans cette histoire sensible, mais aussi dans les romans qui nous ont accompagnés, dans ces livres si essentiels qui nous font et continuent de peupler notre imaginaire.
Mais Zola, c’est aussi une vie de combats pour lesquels il a pris des risques fous et en particulier l’Affaire Dreyfus et qui est un combat éminemment républicain, consubstantiel à la République, un de ces combats par lesquels d’ailleurs la République est devenue pleinement elle-même alors que durant ces décennies, elle était encore bousculée, elle vacillait parfois. Je le dis, parce que trop souvent, on voudrait séparer la France de la République, oubliant que la République a aussi fait la France, mais qu’elle est aussi née bien avant la Révolution française, des idéaux que notre nation portait elle-même. On ne peut pas écrire sans Zola, sans avoir ses indignations, sans mener ses combats et sans les porter.
Et donc, il y a, résumés dans cette maison et dans ce musée, ce qui est inséparable entre ce qui fait la nation française et les combats pour la République française, des idéaux, un amour de la langue et ce goût pour la vérité et la justice. Avec ce musée, cher Président, vous avez là aussi réparé une nouvelle injustice, puisque c’est le premier musée qui sera complètement consacré, pas simplement à l’affaire, mais à la vie, à la carrière, à ces combats, à cette période de la République et de notre nation, avec des archives sonores extraordinaires puisque c’est aussi ici que vous pourrez entendre la voix de Dreyfus, au-delà de tous les documents absolument inestimables qui se trouvent dans ce musée.
Et ce faisant, vous redites aussi, et nous remarquons tous et toutes, l’importance de ce destin si particulier, du destin de cet homme, de cette famille qui a subi le pire, l’injustice évidemment, mais l’humiliation, le silence, l’isolement, l’humiliation publique et privée la plus intime et qu’il a subie bien longtemps après. Rien ne réparera ces humiliations faites, rien ! Mais ne les aggravons pas en les laissant oublier, aggraver ou répéter. Et ce musée joue un rôle essentiel parce qu’il est aussi un acte de transmission.
Et je veux vraiment vous remercier, parce que ce qui est fait ici aujourd’hui, les combats que vous portez, que ce soient des combats littéraires, politiques, familiaux ou civiques, ce seront des combats pour la vérité, la justice et l’humanisme dont parlait Zola.
Et vous évoquiez en effet cette Lettre à la jeunesse, il en a écrit plusieurs. Celle de 1897 se termine par ces mots, alors même que Zola exprimait surprise, blessure et agacement d’être attaqué par quelques jeunes, qui n’étaient pas si nombreux, mais c’était là qu’ils venaient protester contre le combat qu’il menait. Il finissait par cet appel positif. Mais surtout, il disait tout de la transmission d’une génération à l’autre, considérant que ça n’était pas à lui de mener ces combats pour la justice, la vérité et l’humanisme, mais à ces jeunes qui étaient là dans la rue et auxquels il ne fallait rien céder.
Alors, je le dis à tous les jeunes qui sont là aujourd’hui et à tous celles et ceux qui viendront dans cette maison, dans ce musée : n’oubliez rien de ces combats passés parce qu’ils vous disent et vous répètent que le monde dans lequel nous vivons, que notre pays, comme notre République ne sont pas des acquis. Ils sont le fruit de combats essentiels. Ils sont le résultat de vies de femmes et d’hommes sacrifiés dans des guerres, mais parfois dans des combats oubliés, intimes, dans des batailles comme celles que Dreyfus et Zola ont menées et tous celles et ceux qui les ont accompagnés. Notre devoir, c’est de transmettre ces combats, mais avec eux, la force d’âme qu’il faut avoir pour les mener. Je sais que vous toutes et tous qui êtes là aujourd’hui avez cette force d’âme. C’est ça qui fait la France, c’est ça qui fait la République française. C’est ça qui les rend inséparables, parce que notre pays est fort de tous ces combats successifs et ce ceux que nous aurons à livrer.
Donc, merci infiniment d’avoir permis et de permettre pour les jeunes générations et celles qui viennent de continuer à faire vivre Zola, son œuvre et tout ce qu’il a apporté et continue d’apporter à la langue et à la littérature française, mais aussi ses combats et celui pour Dreyfus, et en même temps de contribuer à réparer cette injustice si longue en inculquant ce sens de l’humanisme, de la justice et de la vérité ainsi transmises.
Merci à toutes et tous. Et vive la République, vive la France !